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2016 Myrddin

Myrddin

 

Ce sera donc mon dernier jour ici, demain je pars pour un long voyage après tant d’année au cœur de cette forêt.

Adossé contre ce chêne qui a tant de fois soutenu mon dos lors de ces journées passées à lire, à méditer ou bien à partager avec mes visiteurs de bons moments.

Mon ami Antoine est parti tôt ce matin prévenir les villageois de mon départ, il avait le cœur lourd. Le mien bien au contraire est léger comme le reste de mon corps.

Je savoure ce moment de solitude au milieu de cette forêt qui propage une multitude de vert accompagné par ce doux parfum de cette terre riche d’humus.

Cet endroit qui est si magique me manquera bien plus que tous ces humains qui sont venus trouvés en moi réconfort et conseils.

J’espère qu’en ma nouvelle demeure, je pourrais encore pouvoir communiquer avec les esprits de la forêt, ces minuscules êtres si merveilleux qui restent invisibles pour la plupart de mes concitoyens.

L’homme à la barbe blanchie par les ans s’imprégna du calme ambiant, les yeux fermés son cœur battait lentement, sa respiration était profonde et absorbait cet air pur distribué par ces essences qui l’entouraient.

Ses mains, par automatisme se posèrent sur la croix qui pendait autour de son cou.

Petit morceau de bois lié par un fin cordon de coton et surtout ancré à son existence au plus profond de lui.

Un sourire apparut alors sur ce visage usé par ces années et tant de souvenirs remplirent son crâne.

Le doux visage de cet être aimé rempli tout l’espace de ses pensées. Loin d’apparaître flou, il avait tous les détails qu’il avait su découvrir en l’observant, le caressant et en l’embrassant.

Il pouvait même encore sentir ce doux parfum qu’elle dégageait quand ils s’étreignaient.

Tant d’années pourtant s’étaient écoulées, doucement, inexorablement, éloignant jour après jour ces moments divins. Mettant presque une éternité entre elle et lui.

Ces si merveilleux jours passés avec elle n’étaient pas si nombreux, il en avait tant vécus depuis, tant de couchés de soleil l’avait éloigné de ces jours près d’elle. Mais ses ressentis ne s’étaient pas effilochés 

Elle avait été son seul amour.

La seule personne qui avait su le comprendre et lui avait fait éclaté son cœur de mille feux, de mille bulles de lumière. Il avait alors côtoyé des cieux remplis de couleurs qu’il n’avait jamais pu entrevoir avant.

Lui si fort dans son corps d’homme robuste, fondait littéralement au creux de son corps et de son âme.

Les étreintes dépassaient le simple rapprochement des corps, il y avait une connexion qui dépassait le physique et frôlait leurs âmes.

Simplement enlacés ils se sentaient planer dans un autre univers, brillant d’un feu divin, isolé du monde, ce couple puisait en l’amour une force qui les nourrissait au plus profond de leur être.

Mais le chemin qu’avait réservé la vie était bien différent à celui qu’ils souhaitaient.

Son corps si merveilleux, cette représentation si parfaite de la femme fut attaquée par la maladie. Sournoise et rapide, elle vainquit la santé puis la vie même.

De couple, il se retrouva seul dans ce monde, si immense et pourtant désormais si fade.

La blessure en lui consumait chaque cellule de son corps.

Il perdit l’envie de manger, l’envie de côtoyer le monde et la vie commençait à se lasser de ce corps qui la rejetait.

Il quitta le monde des hommes pour finir sa vie au milieu de la forêt, seul lieu qui savait les unir au creux de l’univers.

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